Avant que la peinture ne soit un objet de luxe, avant que d’autres formes d’art innovantes la remplacent en quelque chose d’une banalité décorative , il y a quelques siècles à peine, la peinture était encore un objet de culte . Culte dans le sens de la dévotion mais aussi de la culture. Comme les représentations des Saints, l’ activité picturale au sens propre jouissait d’une aura sacrée. Ce fut l’Eglise qui a été le principal promoteur de la peinture pendant des siècles, et les magnifiques œuvres d’art conservées dans les églises et les couvents du monde entier témoignent d’un souvenir vivace que notre civilisation garde grâce à la représentation picturale de ces hommes et ces femmes spirituelles que nous appelons Saints. Si bien je peux blâmer les saints de vider leur souffle miraculeux dans l’activité ordinaire de la peinture, je dois aussi les remercier de tout le spirituel que la peinture spirituelle peut émettre de son austérité matérielle. Nous ne devons jamais oublié qu’une peinture n’est jamais plus qu’un chiffon trempé dans du pigment, soutenu par quelques bois . Pour cela, je remercie la Sr Maria Luisa de Anda de l’opportunité qu’elle m’a donnée de peindre Claudina Thévenet, la Fondatrice des Religieuses de Jésus Marie, comme un rappel que tout objet d’art n’est pas une marchandise et qu’il sera toujours possible de voir , comme un droit, une dimension spirituelle dans les peintures.
Aujourd’hui, quand le Pape Francisco ouvre l’Eglise aux pauvres, je ne peux pas comparer un talent simple à l’ action divine de créer . Simplement j’ai pris la photo d’un portrait de Claudine, cherché des photos d’enfants sur internet et, grâce à la technologie digitale, associant dans la même scène, deux époques différentes. Deux époques qui se rejoignent dans la structure du dessin de la façade d’une église gothique, dont les fenêtres en ogive montrent l’emblême de la Congrégation, l’architecture qui abrite à la fois l’image picturale de Claudine et les images digitales des enfants contemporains à ceux qu’elle embrassa. Les images ont un temps propre et à nos yeux distraits apparaissent comme un “arrêt” miraculeux dans lequel, pour un instant, il semblerait que le passé et le présent se rencontrent pour célébrer leur secrète entente qui nous invite à agir, comme l’aurait dit Ignace de Loyola, avec volonté et détermination face à l’avenir.
Rafael Penroz Vicencio
25 Juillet 2013, Merida Yucatán, Mexique
www.penroz.com